c’est un abyme, qui te surveille et t’attire. C’est le tourbillon. Au moment de te relever, la force te projette au sol, tu as défoncé le premier plancher. Ferme les yeux. Les sons s’amplifient tes tympans explosent. C’est chaque fois pareil, c’est chaque fois déroutant, s’il fallait qu’à chaque fois tu te remémores la douleur tu oublierais de te relever. Il fait si chaud, ton sang se glace tu es catapulté au cœur d’une foire qui n’a plus raison d’être c’est l’apocalypse c’est l’enfer c’est pas ta place. Tu veux t’exiler sans connaître le reste du monde.
Mon vocabulaire s’effrite.
Ta vue s’embrouille, paraît qu’à un moment donné les étoiles colorées kaléidoscopiques se dissipent, que le ciel redevient jaune. Faut pas se fier aux apparences faut pas admettre sa faiblesse et foncer pendant qu’on reprend notre souffle. Se taire sera l’étape ultime mais on ne le saura jamais. On est jamais maître de soi, il faut bien que quelque chose provienne de quelques chose. On refuse de jouer les mots à la mode, on refuse la soumission. Ce n’est pas même la révolution. Faudra t’apprendre à ne plus mourir faudra t’apprendre ce qui me faut apprendre.

* * *

La fuite

Tu n’auras aucun souvenir Les murs semblent masquer le fond de ta pensée. L’abyme ne t’aura pas. Le temps, seul, aura ta peau et tes os. Les ossements du temps qui passe souffleront la vie de tes poumons. Tu seras mort. Faudra t’y accrocher, à ton âme, à l’amour, pour monter et prouver que tu seras toujours le Ressuscité. Tu seras les gens autour de toi tu seras les mots qui s’enfuient de ta bouche et de tes illusions et tu voudras prolonger ta souffrance au lieu de frapper dans le mur et partir. Te briser les os des mains puis tout bonnement guérir. Mais tu t’effondre au milieu d’un orage cessant et l’inconnu te semble déjà seulement en toi. Tu ne veux plus le décourir il te semble avoir déjà trop vécu. Tu n’as pourtant rien vu.

Faudra partager ton temps pour survivre chaque drogue a aspiré tes poussières et te les a recraché au visage.